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NNDJ - Chapitre 2

« Il y a dans le mensonge une innocence qui est un signe de bonne foi. »

Friedrich Nietzsche


La première fois que j’ai rencontré Léandre, je travaillais au vestiaire du Jockey Club à l’occasion d’une soirée rallye – comprenez une soirée mondaine où les adolescents de la bonne société se retrouvent régulièrement pour réseauter, boire du champagne et danser sur des tubes des années 80 – afin de remplacer l’une de mes copines qui ne pouvait pas y travailler cette fois-là.


Ce club très privé dont 90% des membres appartiennent à la noblesse et à la haute bourgeoisie, est l’un des plus huppés et élitistes de la capitale. Pour y être admis, vous devez non seulement obtenir le parrainage de deux adhérents du club mais votre candidature doit être soumise aux autres dans l’espoir d’atteindre une majorité qui vous permettra d’obtenir le précieux sésame. Et bien sûr, tout ça n’est pas gratuit mais pour la plupart de ces gens-là, l’argent n’est pas un problème.


Aux abois comme je l’étais (et suis toujours… CQFD), n’importe quel travail rémunéré, en plus de ceux que je cumulais déjà, était bon à prendre. J’avais donc passé la soirée à enfiler des manteaux sur des cintres en échanges de jetons numérotés, supportant avec difficulté la condescendance notoire de certains jeunes, quand un type avait débarqué avec fracas dans le vestibule désert de l’établissement, trempé jusqu’aux os.


Je me souviens qu’il pleuvait des cordes ce soir-là et le pauvre avait manifestement oublié de prendre son parapluie. Il s’était alors avancé jusqu’à nous pour se débarrasser de son manteau en cachemire détrempé et nous avions rapidement plaisanté sur sa malchance.


Pas vraiment impressionnée, je l’avais regardé comme la centaine d’autres beaux garçons qui avaient défilé dans la soirée : sans intérêt particulier. Grand, mince, distingué, le verbe facile, il avait l’allure typique du mec de bonne famille qui a appris très tôt à ne jamais mélanger les torchons et les serviettes.


Quelle n’avait donc pas été ma surprise quand rapidement après avoir intégré la soirée, il était revenu pour papoter et avait passé presque toute la nuit à me tenir compagnie, se révélant être un interlocuteur charmeur et agréable.


De trois ans plus vieux que moi, il m’avait confié être étudiant en philosophie, résider dans l’immense et sinistre hôtel particulier de sa famille situé dans le 6ème arrondissement et être absolument passionné par l’antiquité. Nous avions discuté à bâtons rompus d’art, de musique et de nos vies en règle générale, sans voir les heures défiler.


Il était si facile de bavarder avec lui. Moi qui avais toujours été considérée comme l’intellectuelle rasoir de la maison, j’avais trouvé formidable de pouvoir converser de tout si facilement avec un mec. Je n’avais jamais rencontré de type de mon âge aussi cultivé, fin d’esprit et drôle, aussi. Bref, en quelques heures seulement, je suis tombée sous son charme subtil et visiblement le sentiment était réciproque.


Après cette soirée, il s’est mis à me courtiser comme un chevalier du moyen-âge l’aurait fait avec sa dame (si, si, il en existe encore !). Il venait me chercher en voiture après les cours, m’apportait des caffè latte aromatisés à la vanille, m’offrait un livre qu’il avait adoré, une fleur qu’il avait ramassée.


Tout ça, sans jamais rien réclamer en retour. Il me disait que j’étais la plus belle fille qu’il n’avait jamais vue, qu’il adorerait m’embrasser partout, qu’il n’avait jamais ressenti ça pour personne et que j’étais unique. Autant vous dire que je n’ai pas résisté longtemps.


Deux ans plus tard, nous filons toujours le parfait amour.


— J’ai une proposition à te faire, commence-t-il après que le serveur nous ait apporté nos boissons.


Je porte la paille de mon Spritz à ma bouche, curieuse d’entendre ce qu’il a à me dire. J’ai toujours été impressionnée par la couleur si particulière de ses yeux azur. Impossible de ne pas être hypnotisée par leur intensité lorsqu’il vous fixe. C’est même ce que je préfère chez lui. On peut faire passer tant de choses à travers un regard et le sien est sacrément éloquent.


— Maintenant que nos cours sont terminés et que nos partiels sont derrière nous, qu’est-ce que tu dirais de venir passer l’été avec moi à Savigny ?


Scotchée par sa proposition, je me fige en plein geste, la bouche ouverte.

— À Savigny ? Tu… tu veux dire au château ?


Ma question est complètement stupide mais je suis tellement sous le choc que les informations semblent monter au ralenti jusqu’à mon cerveau. Je m’explique : depuis que nous sommes ensemble, Léni ne parle que très peu de sa famille. Je sais seulement qu’en plus de son frère aîné, Térence, il a également une sœur, Octavie, qui est mariée et qui a quatre enfants ainsi qu’un second frère, Théodore, qui est sous-marinier dans la marine nationale.


Je sais aussi que son père est mort d’un cancer, il y a cinq ans, que sa mère vit toujours sur la propriété, désormais gérée par Térence et qu’il n’y retourne que quelques fois par an pour les grandes occasions, type Toussaint, Pâques et Noël.


J’ai surtout vite compris qu’il n’était pas forcément très proche d’eux et n’ai donc jamais vraiment insisté. Contrairement aux autres mecs avec lesquels j’ai pu sortir avant lui, Léandre fait partie de ces hommes qui ne présentent à leur famille que la bonne personne, que celle qu’ils comptent épouser.


Dans ce milieu, on fait rarement défiler les petites-amies, ça ne se fait pas. La frivolité de la jeunesse ne se vit qu’en privé jusqu’au jour où l’on trouve la perle rare qui correspond aux critères de l’éducation que l’on a reçue. Enfin, la plupart du temps.


D’où mon ébahissement…


— À moins qu’il se soit passé un truc dont je ne sois pas au courant, c’est effectivement là-bas qu’il se trouve depuis cinq-cents ans, plaisante-t-il avant d’avaler une longue gorgée de sa bière belge, sa chevalière en or jaune tintant contre son verre.


Je ne sais pas quoi dire. Je suis flattée bien sûr, curieuse aussi mais je ne pensais pas que l’on avait atteint ce stade dans notre relation… Je veux dire, je suis très amoureuse de lui, mais je ne suis même pas sûre de vouloir me marier un jour ou même d’avoir des enfants. J’ai à peine vingt ans, ma situation financière est catastrophique et le mec avec qui je partage ma vie ne sait même pas la moitié des emmerdes qui s’apprêtent à me tomber sur la tête. L’éventualité d’un engagement, quel qu’il soit, est totalement ridicule.


En remarquant mon expression affolée, il s’empresse d’ajouter :


— Attends, rassure-toi, je ne te le propose pas parce que j’ai l’intention de demander ta main au milieu du parc de la propriété avec ma famille et nos domestiques pour témoins. Je ne veux pas t’épouser. Enfin, non ! se reprend-t-il avec empressement. Je veux dire, peut-être un jour, tu vois mais… merde.


Très mal à l’aise, je le vois se frotter la tempe avant de poursuivre :


— Ce que j’essaye lamentablement d’expliquer, c’est que l’on est beaucoup trop jeunes et je ne suis pas sûr de…


Je pose ma main sur son avant-bras dans un geste apaisant.

— J’ai compris, Léni, je ne veux pas t’épouser non plus.


Manifestement soulagé, il lâche un profond soupir.


— Ok, tu me rassures parce que j’étais clairement en train de m’enfoncer.


— Clairement ! gloussé-je, hilare.


Son air contrit me fait rire de plus belle. Il est trop mignon quand il est penaud.

— Tout cela pour dire qu’il me ferait plaisir que tu passes l’été avec moi. Ma sœur sera là avec ses enfants et Théodore sera tout juste rentré de sa dernière mission. En cette saison, le parc est magnifique et d’après ce que m’a dit mon frère, la galerie des ancêtres est de nouveau au complet, tout a été restauré. Tu vas adorer !


« La galerie des ancêtres » ? Seigneur, mais dans quoi me suis-je embarquée ? Quel genre de personnes peuvent se permettre d’avoir une galerie entière consacrée à ses ancêtres ? La sienne, manifestement.


Pensive, je digère toutes ces informations, légèrement anxieuse. Sa famille sera présente – toute sa famille. Que risquent-ils de croire en me voyant débarquer au bras de leur benjamin ? Si ce n’est pas une officialisation en bonne et due forme, je ne vois pas ce que c’est, quoi qu’il puisse me dire. Et puis, soyons honnêtes, je ne suis personne, je ne fais pas le poids face à lui.


Les ancêtres de mon père n’étaient que de braves paysans français et quant aux parents de ma mère, ils ont émigré d’Italie pendant la seconde guerre mondiale. Si au moins je pouvais me targuer d’être la descendante de Laurent Le Magnifique[1]... mais même pas.

Bref, niveau lignage prestigieux, on repassera. Par ailleurs, je ne sais rien de leur us et coutumes. Je suis polie, jolie et j’ai la tête plutôt bien remplie mais je crains que ce ne soit pas suffisant pour ces gens-là.


Regardez-moi ça, qui est pleine de préjugés, maintenant ?


— Ça ne risque pas de poser problème que je sois là ?

Ma question le laisse perplexe.


— Pourquoi est-ce que ta présence poserait problème ?


— Eh bien, tu sais… vis-à-vis du protocole ?


Il éclate aussitôt d’un rire profond en basculant la tête en arrière, la main sur la poitrine et mon estomac ne peut s’interdire de faire un petit looping en le regardant, si beau, si libre

.

— Milo, mon cœur, on n’est plus en 1880 !


— Je n’en sais rien moi, bougonné-je, en me rencognant contre le dossier de ma chaise. C’est toi qui disais…


— En théorie, me coupe-t-il, ma mère et mon frère préfèreraient ne rencontrer que ma future femme, mais en pratique, les choses sont un peu différentes, surtout depuis que mon père n’est plus là. Quand il était encore en vie, il tenait à ce que l’on respecte scrupuleusement une batterie invraisemblable de règles archaïques et celle-là en faisait notamment partie. Aucun de mes frères aînés n’a jamais eu le droit de ramener la moindre conquête à la maison. En revanche, il est tout à fait possible d’inviter des amis…


Oh, je vois.


— Une amie ? C’est comme ça que tu comptes me présenter ? demandé-je, un peu déçue et surtout froissée.


Cela ne devrait pas m’étonner et pourtant, je le suis. Je ne m’attendais pas à ce genre de comportement de sa part. Soyons clairs, à ce stade de ma vie, je ne recherche rien de sérieux et si je ne devais jamais connaître sa famille, je ne le prendrais pas mal. Après tout, il ne rencontrera jamais la mienne. En revanche, s’il souhaite m’introduire auprès des siens, je veux l’être correctement, pas en jouant à un jeu de dupe.


— Si cela me permet de passer l’été avec toi, oui.


Bon sang, mais qui sont ces gens ?


— C’est un peu vexant, grommelé-je en mordillant le bout de ma paille.

— Vexant ? Comment ça ?


Sérieusement ?


— Réfléchis, tu vas trouver tout seul.


— Attends, si tu penses que j’ai honte de toi, tu te trompes complètement.


Eh bah voilà, quand il veut…


Je lâche un petit rire sardonique.


— C’est pourtant l’impression que ça donne.


— Écoute, je comprends ce que tu veux dire mais tu n’y es pas du tout. Je les connais, je sais comment ils fonctionnent. Si je te présente comme ma petite amie, ils risquent d’en faire tout un plat et de penser que nous allons nous marier. C’est ce que tu veux ? Parce que crois-moi, à la minute où on posera le pied sur le domaine, ma mère te vampirisera et avant que tu puisses dire quoi que ce soit, tu auras passé l’été à choisir les dentelles et les rubans d’un mariage qui n’aura jamais lieu.


Je lève les yeux au ciel, atterrée.

— Et dire que je pensais que l’on était plus en 1880…


— Alors que si tu viens en tant qu’amie, poursuit-il sans prendre en compte ma remarque, ils nous foutront la paix.


Je repose mon verre à moitié vide sur la petite table ronde de bistro.


— C’est un peu hypocrite, non ? Tu penses vraiment qu’ils vont avaler ce bobard ? Toi qui vient seul avec « une amie » ? dis-je en mimant les guillemets. Franchement, Léni…


Il hoche la tête, très sérieux.


— Oui, je le pense. Ils sont bien trop pudiques pour poser des questions.


Soudain, un léger détail me vient en tête.


— Et tu crois que tu vas pouvoir t’abstenir tout l’été ?


Il n’a pas l’air comme ça, avec sa gueule d’ange et ses chemises parfaitement repassées, mais mon amoureux possède un appétit sexuel plutôt prononcé.


— M’abst… quoi ? Non, hors de question !


Je me disais aussi…


— Ah, parce que tu couches souvent avec tes amies, toi ? Voilà qui n’est pas très catholique.


Un sourire licencieux vient étirer ses belles lèvres alors qu’il se penche vers moi pour murmurer à mon oreille :

— Si elle s’appelle Elsa Aragon et qu’elle a le plus beau cul de Paris, je coucherai avec elle même si c’était ma sœur.


Sans pouvoir m’arrêter, j’éclate de rire.

— Mon Dieu, tu es ignoble !


Son sourire s’approfondit tandis que ses lèvres viennent frôler ma mâchoire.


— Dis oui. J’ai besoin que tu sois là, j’ai envie que tu sois là. J’ai des tas de trucs à te faire découvrir et toi qui es passionnée d’histoire, tu vas te régaler.


C’est tentant, je l’avoue. Qui n’aurait pas envie de vivre la vie de château le temps d’un été ? Petite amie ou pas. Par ailleurs, il a raison, pour la passionnée d’arts et d’histoire que je suis, Savigny est un rêve éveillé tant par sa richesse architecturale que par ses collections de tableaux et de meubles anciens. Ça vaut bien de supporter sa mondaine de mère et son frère collet monté.


— Tu me prends par les sentiments…


Au même moment, mon téléphone se met à trembler sur la table et à l’instant où je vois l’écran s’allumer, mon cœur loupe un battement.


Cazzo!


Sachant évidemment qui m’appelle, je ne réagis pas, le corps soudainement si rigide que mes muscles se mettent à me faire mal.


—Tu ne réponds pas ? m’interroge Léandre en jetant un coup d’œil vers l’appareil qui continue à vibrer frénétiquement.


Terriblement confuse, j’avale le peu de salive qu’il me reste pour hydrater ma gorge alors que d’une voix mal assurée, je rétorque :


— Non, non, c’est encore mon opérateur téléphonique, ça fait des jours qu’il me harcèle.

Gobant mon mensonge, il ne réagit pas et embraye à nouveau sur sa proposition.


— Alors ? T’en dis quoi ? Il y a plein de trucs à faire sur la propriété. On pourra monter à cheval, se baigner…


Obnubilée par l’appel manqué, je ne l’écoute que d’une oreille et lorsque je remarque l’arrivée d’un SMS, un flot d’adrénaline me parcourt aussitôt les veines, embrasant mon système nerveux. J’ai chaud, je meurs de chaud et pourtant, j’ai la chair de poule. Dio mio[2], comment vais-je me sortir de ce guêpier ?


Prise de panique, j’ai soudain l’impression qu’un étau se resserre autour de ma gorge, écrasant ma glotte d’une lenteur assassine. La main légèrement flageolante, j’attrape mon smartphone et d’un geste étonnamment précis, je le déverrouille avant de découvrir le message qui m’attend sagement dans l’application associée.







Il ne se fatigue même plus à m’intimider. C’est inutile. La menace est là, tacite, sous-jacente, tellement bruyante que je ne m’entends plus penser. Je peux deviner d’ici le « sinon » qui suit logiquement la fin de sa phrase et qui me pend au nez.


Une chose est toutefois certaine : je n’aurai pas l’argent à la fin de la semaine et à moins de me prostituer tous les jours, du matin au soir, jusqu’à dimanche – ce qui n’est pas envisageable – je ne pourrais pas réunir la somme que je lui dois.

Pour faire court, je suis déjà morte.


Léni continue de me lister toutes les choses formidables que l’on pourrait faire ensemble à la campagne tandis que je vois, impuissante, l’équilibre fragile de ma vie basculer dans l’horreur. Je pourrais demander l’argent à Dani… mais encore une fois, je ne veux pas l’embarquer dans cette histoire. Il est déjà suffisamment impliqué comme ça.


D’ailleurs, j’ai vu suffisamment de films de mafieux pour savoir qu’il sera probablement le prochain sur la liste de László si je ne paye pas. Non, il faudrait que je m’évanouisse dans la nature, que je disparaisse des radars, que je…


— … le parc fait plus de dix hectares, on a vraiment l’impression d’être seul au monde !


La connexion se fait lentement dans mon esprit et soudain, une ampoule s’allume, éclatante, si lumineuse qu’elle aveugle ma raison.


Ohhh, Elsa, tu es une abominable petite sournoise.


Je devrais envisager d’accepter son invitation parce que passer du temps avec lui devrait être la seule de mes motivations et non pas parce qu’il m’offre sur un plateau d’argent la solution pour fuir mon affreux croquemitaine. Et pourtant… pourtant, c’est parfait. Comment pourrait-il me retrouver là-bas ? Au milieu de nulle part ? Ça me laisserait le temps de me retourner, de réfléchir, au calme, loin de Paris, sans avoir à regarder constamment derrière mon épaule.


Ragaillardie par l’opportunité, je me racle la gorge et lui demande :


— Et on partirait quand ?


À l’aide d’un cure-dent, il attrape une olive verte dans la petite coupelle apportée un peu plus tôt par le serveur, et la fourre dans sa bouche avant de répondre :


— Jeudi après-midi. On irait en voiture, il n’y a que deux heures et demi de route. Je passerai te chercher chez toi et on filerait direct.


Non, vraiment, je ne le mérite pas. Et pour être sincère, je m’en veux de me servir de lui de cette façon. Depuis qu’il est entré dans ma vie, Léandre n’a été que galanterie, gentillesse et générosité. Lui mentir me fait prendre conscience de nos différences. S’il savait à quel point je ne suis pas digne de confiance, à quel point mes antécédents familiaux m’ont conditionnée à agir avec malhonnêteté et duplicité. Où en serais-je aujourd’hui si mon père était encore en vie et ma mère n’était pas qui elle est ? J’imagine que je ne le saurai jamais.


— Alors, c’est d’accord, murmuré-je, le cœur étrangement lourd, je suis partante.


— Et dire que pendant un bref instant, j’ai cru devoir te convaincre de venir avec moi…


Son sarcasme me fait éclater de rire et dans un élan de tendresse, je l’attrape par le col de sa chemise pour l’embrasser. Il a le don d’alléger mon cœur et mon humeur en un battement de cil.


— Je peux encore changer d’avis, tu sais…, le taquiné-je en passant mes doigts dans ses cheveux.


— Mmm, je crains que la maison n’accepte pas les rétractations.


Son petit air satisfait me donne des envies indécentes et dans un souffle vibrant, je susurre contre sa joue :


— Tu m’en vois ravie.


[1]. Laurent de Médicis (1449-1492), prince et homme politique florentin, personnage emblématique de la Renaissance Italienne.

[2]. « Mon Dieu » en italien.

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